FLEURON, subst. masc.
A. Ornement en forme de fleur. Broderies formées d’une succession de fleurons (D’ALLEMAGNE, Hist. des jouets, 1902, p. 102). À notre avis, rien ne vaut, tant au point de vue ornemental qu’au point de vue durée, le fer refoulé puis aplati ou étampé, pour sortir un fleuron bien attaché à sa tige ou à sa volute (FILLON, Serrurier, 1942, p. 19). Cf. fleuri ex. 3.
Partie ornementale d’une couronne (insigne de dignité ou d’autorité) de roi, prince, duc, marquis, en forme de fleur ou de feuille. La couronne au titre [de comtesse] est jointe, Et porte sur chaque pointe une perle pour fleuron (DUMAS père, C. Howard, 1834, IV, 3, p. 237). Mais le roi des Nains, plus désolé qu’eux tous sous sa couronne aux fleurons étincelants, s’éloigna sans rien dire (FRANCE, Balth., Ab., 1889, p. 238).
Au fig. Le plus beau fleuron d’une couronne. Possession ou prérogative la plus importante d’un souverain, d’un État. [Le Brésil] le plus beau fleuron de la couronne du Portugal (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 346).
P. ext. Bien (concret ou abstrait), qualité morale, les plus précieux pour quelqu’un :
Tu ne pouvais souffrir l’iniquité et tu t’opposais selon tes forces à la violence. Tu avais pitié des malheureux, et c’est là le plus beau fleuron d’un juge…
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 105.
Spécialement
a) ARCHIT. Ornement isolé sculpté en forme de fleur ou de feuille. Des pignons évidés en trèfle, garnis de crossettes et de fleurons, des roses immenses, épanouissant le mystique rayonnement de leurs meneaux (ZOLA, Rêve, 1888, p. 201).
b) IMPRIMERIE ET RELIURE
Élément décoratif de fantaisie ornant le titre ou les blancs des principales divisions d’un ouvrage :
Entre le sommaire et le pied de titre, s’enlève presque toujours la marque du libraire, monogramme, armes parlantes ou reproduction de l’enseigne commerciale. (…). Ces marques, gravées avec le plus grand soin, affectent souvent la forme d’un rectangle ou d’un médaillon ovale de grandes dimensions. Elles peuvent consister cependant en un simple fleuron.
BRUN, Le Livre français, Paris, Larousse, 1948, p. 455.
Petit ornement au dos d’un livre. Les reliures, alors [vers 1540], sont d’autant plus somptueuses que, souvent les entrelacs et quelquefois même les fleurons, sont peints de mastics de diverses couleurs, rouge, vert, bleu, crème (F. CALOT, L. MICHON, P. ANGOULVENT, L’Art du livre en France des origines à nos jours, Paris, Delagrave, 1931, p. 243).
Fer servant à réaliser cet ornement. Je le vois lui-même, l’ancien graveur, en composer le modèle, chercher la meilleure disposition des mots, le corps des caractères d’imprimerie, choisir les fleurons qui les isoleront et les mettront en valeur (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 47).
B. BOT. Petite fleur élémentaire tubuleuse, régulière, composant le capitule des composées :
Les fleurs de l’arnica montana sont jaunes, radiées, composées : 1o de fleurons allongés, étroits, à trois dents dont chacun contient cinq étamines sans anthères visibles, et un pistil renfermé dans un tube; 2o de demi-fleurons en tubes, la plupart à trois dents et plumeux…
KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 99.
Prononc. et Orth. : [], [flø-]. Demi-long. de la voyelle de fleur- ds PASSY 1914. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1302 floron « ornement en forme de fleur » (doc. ds DG); 1312 fleuron (Trav. aux chât. d’Art., A. N. KK 393, fo 34 ds GDF. Compl.); 2. 1530 floron « petite fleur » (PALSGR., p. 221); 1572 fleuron « élément d’une fleur composée » (JODELLE, Ode sur la naissance de Madame ds Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 168). Dér. de fleur*, suff. -on*, avec prob. infl. de l’ital. fiorone pour le sens 1 (BL.-W.1-5) malgré l’écart chronol. [fiorone terme d’archit. dep. 2e moitié XIVe s., Cennini ds BATT.]. Fréq. abs. littér. : 89.
Fig. « C’est le plus beau fleuron de sa courone, un de ses plus beaux privilèges, un de ses plus grands revenus. Cette expression ne pâsse pas le style médiocre. »